Son histoire

LA PAROISSE DE SAINT MARTIN AUX TEMPS DES TREIZE PAROISSES
DE SAINT QUENTIN

La paroisse actuelle de Saint Martin est vraisemblablement la reprise dans le faubourg Saint Martin Rocourt de l’une des treize paroisses que comptait jadis Saint Quentin. En effet, une église paroissiale, soustraite à la juridiction du Chapitre de la Royale et Insigne Collégiale et dépendant de l’Évêque de Noyon, était placée sous le vocable de Saint Martin de Tours. Cette Église longeait la rue Saint Martin et l’Abbaye de Saint-Prix. Elle occupait avec son cimetière le terrain limité par les rues actuelles Pasteur, Emile Zola et Renan.

En exécution des décrets de l’Assemblée Nationale, cette église fut fermée le 19 Mars 1791 et la paroisse supprimée le 26 du même mois.

A la fin de l’année, l’église fut vendue comme bien national, puis on la démolit au début de 1792. Le mobilier inventorié le 13 Avril 1791 avait été transporté dans l’Église Notre Dame. Les biens déjà alors modestes dépendant de la Fabrique de Saint Martin (terres, maisons, habitation vicariale) furent vendus en 1793 en l’an V et en l’an X de la République.

 

L’église Saint-Martin

 

LA NAISSANCE DE LA PAROISSE SAINT-MARTIN

Le 15 février 1888, Monseigneur THIBAUDIER, Évêque de Soissons écrit au Très révérend père DEHON, fondateur et supérieur général des Prêtres du Sacré Cœur pour lui demander de fonder à Saint Quentin, avec ses pères, la paroisse Saint Martin.

« Je ne pense jamais au faubourg Saint-Martin sans une émotion pénible et sans me demander si je n’aurai pas à rendre compte, du délaissement religieux d’une population considérable de Saint-Quentin… si je m’adresse à vous, c’est que les Prêtres du Sacré-Cœur me semblent providentiellement indiqués pour fonder et diriger l’équivalent d’une paroisse, dans ce quartier… Il faudrait acheter un terrain, sous des noms privés, y établir une Mission provisoire, sous le titre de Saint-Martin du Sacré-Cœur, donner à l’établissement une circonscription convenable avec l’agrément de M. le Curé et de la Fabrique de Saint-Quentin, assigner au prêtre directeur le titre de vicaire de la Basilique, et faire le bien avec cette organisation précaire, en attendant mieux. Un de vos prêtres les meilleurs et les plus capables, ne serait pas trop bon, pour cette œuvre. Je vous donnerai une large autorisation de quêter. La première chose à faire serait de vendre la propriété de M. Genty; la seconde, d’acheter, avec tous les fonds précédemment recueillis, un terrain bien placé et suffisamment vaste…

Le Père Dehon accepte aussitôt car écrira-t-il : « c’est une marque de confiance et une grâce en même temps qu’une charge pour nous ».

Carte postale ® Collection Paul Marcos Carte postale ® C. Bloch

 

Dès le 7 Mars 1888, il se met à la recherche d’un emplacement intéressant pour la construction d’une église paroissiale. Il s’arrête, le 20 avril, sur un terrain de 1562 m2 situé entre la rue de Ham et la rue de Paris et appartenant à une famille saint quentinoise bien connue de l’église : monsieur Pierre Louis Agombart et sa sœur Adèle. Le père Dehon charge monsieur Bénard de « faire les plans d’un édifice ogival ».

Le 17 juin 1889, les travaux de nivellement du terrain commencent et le Père Dehon charge le père Augustin Léon Herr, prêtre de Clairefontaine (Belgique) de recueillir les fonds pour la construction de l’église dont il devient le premier responsable. Le père Herr sera aidé en cette tâche par la famille Desjardins, la Grande Charteuse et la baronne de Gargan.

18 Septembre 1889 devant maître Julien, notaire à Saint Quentin, les Pères Dehon, Falleur et Herr signent le contrat d’achat.

Le 29 Octobre 1890 Mgr Duval bénit la première pierre. Pour permettre l’avancée des travaux le Père DEHON organise plusieurs quêtes à travers la France avec l’aide des Pères de Fayet, parmi lesquels le frère Joseph Philippe, séminariste, professeur en stage à St. Clément et qui deviendra supérieur général à la suite du père Dehon puis évêque de Luxembourg.

En 1894, le père Lobbé est nommé assistant du père Herr pour organiser la future paroisse.
Le 11 novembre 1895 la maison religieuse « Église saint Martin » est officiellement érigée rue de Picardie.

Le 15 août 1896, le gros des travaux étant achevé, le Père Lobbé, prêtre du Sacré Cœur, succède au père Herr et célèbre, pour la première fois, la messe dans l’église saint Martin.

Le Père DEHON docteur en droit civil, sentant venir les lois contre les congrégations religieuses, décide d’attribuer l’église Saint Martin à un comité formé de séculiers. Le 31 décembre 1897, devant maître Dhevilliers, notaire à Saint Quentin, le père Dehon remet l’église Saint Martin à monsieur le Chanoine PIGNON, archiprêtre de Saint Quentin, et à deux laïcs, messieurs L’hotte et Arrachart. Le 22 février 1901, les nouveaux propriétaires auraient souhaité en faire don à la « Fabrique de la Basilique » Malgré l’avis favorable du Conseil municipal, le Conseil d’État ne donna jamais son accord. L’église restera ainsi la propriété de monsieur le Chanoine Pignon et de messieurs L’hotte et Arrachart. C’est sous leur responsabilité que les derniers travaux sont progressivement réalisés.

Une vue en 1905 Une vue après-guerre

 

Le 12 Octobre 1907, Mgr Péchenard, évêque de Soissons, érige Saint Martin en paroisse et installe, le 4 novembre le père Lobbé comme curé. Les travaux terminés, il viendra ensuite, le 1er Juin 1913, consacrer solennellement l’église Saint Martin.

 

LA RECONSTRUCTION

L’église sera malheureusement fortement endommagée par les bombardements durant la guerre 1914-1918.

Église Saint-Martin en 1919 ® Société Académique de Saint-Quentin

Sous l’impulsion de monseigneur Delorme, vicaire général du diocèse de Soissons, la restauration de l’église est engagée dès 1920. Le 29 Janvier 1922, Mgr Binet peut bénir et rendre au culte le chœur et une partie de la nef restaurés. Il bénit également la première cloche de 320 kilos « Marie Pierre Quentine Marguerite » installée dans le clocheton de droite.

Église Saint-Martin en 1919 ® Société Académique de Saint-Quentin

La loi des finances de 1926 décide que tous les immeubles affectés au culte et appartenant à des particuliers pourront être attribués à l’Association Diocésaine qualifiée. De ce fait, et devant maître Fleury, notaire à Soissons, l’église Saint Martin devient, le 20 juillet 1926, la propriété de l’Association Diocésaine représentée par monseigneur Delorme, vicaire général du diocèse de Soissons.

Travaux de reconstruction en 1922 ® L. Lemarechal L’abside est restaurée ® L. Lemarechal

Les travaux vont encore se poursuivre jusqu’au 20 octobre 1929 où monseigneur Mennechet viendra consacrer le maître autel restauré et, le 16 novembre 1930, bénir trois nouvelles cloches. L’église Saint Martin est une des plus vastes du diocèse : 68 mètres de long, 21 mètres 60 de large hors tout (8 mètres de largeur de nef et 4 de col latéraux), 18 mètre sous voûte. Le clocher de 9 mètres de côté élève sa croix à plus de 60 mètres de haut. Son transept se compose de trois nefs d’égale hauteur et de douze travées chacune. L’abside octogonale est accompagnée de deux absidiales tracées sur un plan octogonal également.

En 1931, le père Lobbé donne sa démission de curé et meurt à Saint Quentin le 22 novembre 1933. Le clergé diocésain prend alors en charge la paroisse avec l’abbé Mouflard, jusqu’à son décès le 14 janvier 1939, puis avec l’abbé Quennesson.

 

SAINT MARTIN AU CŒUR D’UN FAUBOURG

En 1943, l’évêque de Soissons propose aux Prêtres du Sacré Cœur de reprendre la paroisse. Ce sera chose faite le 25 décembre 1944 avec les nominations des pères Paul Legay et Jean Enard respectivement curé et vicaire. Le père Duhamel les rejoindra dès son retour de captivité. Ils résideront alors au 71, rue de Paris.

Le 30 septembre 1949, le père Rey est nommé curé de Saint Martin avec les pères Duhamel et Forrat comme vicaires. Avec les autres curés de la ville de Saint Quentin, le père Rey prend toute la mesure du mur qui sépare l’église de la classe ouvrière. Il devient, en s’appuyant sur des foyers comme celui des Marcos, un des acteurs essentiels de la naissance de la mission ouvrière sur Saint Quentin et sur l’ensemble du diocèse.

® Collection Crayton Combier Imp. Mâcon (S et L) « CIM » Photographie véritable

En 1956, la communauté s’installe au 42 rue de Picardie. En 1957 et 1958, « la mission » renouvelle toute la pastorale de la ville en y intégrant de façon privilégiée, l’évangélisation des milieux de vie. Dans ce cadre une « commission monde ouvrier » est créé sous la présidence du père Rey avec la participation entre autres de René Baube aumônier fédéral JOC et futur prêtre ouvrier, et Roger Panier, aumônier d’ACO. Le père Rey meurt malheureusement le 8 juillet 1959.
Le père Marcel Deloddère qui était un de ses vicaires depuis 1953, lui succède jusqu’en septembre 1966. Avec sa communauté religieuse, il va poursuivre l’action du père Rey spécialement en participant à la structuration de la mission ouvrière. Il est en cela particulièrement bien secondé par le père Jean Bosser, à partir de septembre 1955. Ce dernier va contribuer à implanter fortement la JOC et l’ACO dans la paroisse comme sur tout le saint quentinois avant de poursuivre son action sur le diocèse, de 1962 à 1967, comme aumônier diocésain de la JOC.

C’est dans cette même période, le 19 octobre 1963, que les restes du Père Dehon décédé en 1925 à Bruxelles et enterré au cimetière Saint Jean de Saint Quentin, seront transférés à l’église Saint-Martin. Le père Dehon aura planté les fondations de l’église en ce quartier populaire. Il repose aujourd’hui au milieu du peuple de ce faubourg ouvrier. Comme un symbole très fort, sa présence en ce lieu nous redit combien il est urgent «de sortir de la sacristie et d’aller au peuple» !

 

EN MISSION SANS CESSE RENOUVELÉE

Dans la mouvance de Vatican II, la vie religieuse se renouvelle. Les religieux SCJ en pastorale constituent la « Commission Vie Apostolique » chargée, avec d’autres, de préparer le Chapitre Provincial de 1965. La communauté de Saint Martin prend toute sa place dans cette commission qui réfléchit sur la mission et contribue activement à la réécriture de notre règle de vie.

En novembre 1966 le père Joseph Tapin est nommé curé de Saint Martin. Bien secondé dans la paroisse, il sera nommé, en outre, curé de Gauchy, Grugies et Oestres. De fait, c’est la père Jean Biondaro qui assurera la charge de curé de la paroisse de Saint Martin à partir de 1972.

En 1971, sur le faubourg Saint Jean jouxtant celui de Saint martin, le père Massera et les frères Etienne Chevallier et Bernard Lyon, s’installent au cœur d’une cité ouvrière. Trous trois travaillent en entreprises. Le père Paul Buchheit va les rejoindre intervenant comme éducateur spécialisé sur le bidonville du Champ de manœuvre. Le père Marcel Ouillon, tout en restant à la paroisse de Saint Martin, entre au travail, en 1973, dans une filature. Le champ missionnaire confié aux prêtres du Sacré Cœur s’élargit donc sensiblement.

Il s’élargit géographiquement avec les responsabilités du père J. Tapin sur les paroisses voisines. Il s’élargit aussi dans les instances missionnaires ecclésiales. Les prêtres du Sacré Cœur de Saint Quentin apportent en effet leur contribution à la réflexion et à la vie de toute la vie religieuse, hommes et femmes, sur le diocèse. Ils seront à l’initiative pour que monseigneur Daniel Labille mette en place un Conseil diocésain de la vie religieuse. Ils participent à l’effort diocésain pour l’évangélisation du monde ouvrier en renforçant l’équipe des prêtres ouvriers et des aumôneries spécialisées ainsi que la présence de la vie religieuse dans le monde du travail industriel.
En 1986, le père Tapin laisse ses responsabilités paroissiales pour être «envoyé auprès des petits et des humbles, des ouvriers et des pauvres, des retraités et préretraités dont souvent l’Église est loin».

Église Saint Jean-Baptiste après-guerre L’ancienne église de Fayet détruite en 1917 ® P. Dupré
La chapelle Saint Clément avant la guerre de 1914-1918 ® P. Dupré Église Saint-Quentin d’Holnon en 1914

En 1995 le diocèse s’engage dans une « démarche synodale » et décide une refonte des paroisses afin de favoriser le travail collectif et les collaborations entre les prêtres et les laïcs. Le père Antonio Tejado détaché de la province d’Espagne depuis 1991 pour Saint Quentin, devient ainsi, en 1998, le modérateur de la nouvelle paroisse «Saint Quentin en Vermandois». Il est assisté par le Père Fernand Le Page. C’est la plus importante paroisse du diocèse et sans doute l’une des plus ouvrière puisqu’elle regroupe les trois anciennes paroisses populaires de saint Martin, saint Jean et Jean XXIII avec également les anciennes paroisses de Fayet, Gricourt, Francilly et Holnon. (Voir Les 7 clochers)

 

 

LES CURÉS DE LA PAROISSE SAINT-QUENTIN EN VERMANDOIS

  • Père LOBBE 1907 – 1931      
  • Abbé MOUFLARD 1931 – 1939
  • Abbé QUENNESSON 1939 – 1944
  • Père LEGAY 1944 – 1949      
  • Père REY 1949 – 1959        
  • Père DELODDERE 1959 – 1966  
  • Père TAPIN 1966 – 1972      
  • Père BIONDARO 1972 – 1990   
  • Père LE PAGE 1990 – 1998    
  • Père TEJADO 1998 – 2020     
  • Père WAWRO 2020 –